Est-ce parce que l'on associe trop rapidement le pourquoi-comment à l'enfance, aux balbutiements, à l'ignorance du débutant ? Que parvenu à un certain degré de respectabilité, avec un bel intitulé de fonction et une position hiérarchique enviée, s'autoriser l'interrogation semble déplacé, dépassé ? Le questionnement n'a pas bonne réputation, particulièrement en situation de travail. Or poser des questions ne nous met pas en état de faiblesse. C'est bien au contraire le signe d'une force, celle des caractères réfléchis, pensants... visionnaires ! Et une arme absolue dans tous les projets.
Je constate souvent en entreprise que poser des questions est "mal vu". Comme si questionner était signe de faiblesse, l’aveu que l’on ne sait pas. Et ne pas savoir, une faute condamnable, exposant à l'opprobre, voire au rejet. Hocher la tête d’un air entendu autour d’une table de réunion, au cours d’une présentation, comme si tout ce qui s’y disait était déjà connu, admis et compris, ne souffrant aucune remarque, ni remise... en question (!) semble à l'inverse bien plus conseillé, glorifiant. On ne va d’ailleurs pas chercher à savoir si celui qui opine sait réellement, puisque là encore, poser la question serait du plus mauvais effet, voire vécu comme un affront !
Questionner ou la clé de la sagesse
Etre sachant, détenir l’expertise, la connaissance, voilà l’attitude qui sied à un collaborateur digne de confiance, et plus encore, signe la marque du dirigeant. Il est de bon ton, pour imposer autorité et respectabilité, de faire mine d'avoir tout compris sans laisser paraître la moindre trace du cheminement qui mène à la découverte, des difficultés qui ont jalonné le raisonnement. Pourtant la science de la sagesse ne nous enseigne-telle pas que poser des questions est la clé ? Socrate, le père de la philosophie, n'est-il pas décrit comme un « questionneur impénitent » ? A l'opposé d'une "science infuse attitude" proposant une version tronquée de la réalité, s'interroger démontre la volonté de trouver du sens à ce que l’on fait. Plus encore, partager son questionnement est à la fois une marque de confiance envers ses équipes, une preuve de courage, et un outil puissant pour fédérer les énergies.
Questions et vision
Pour un leader, voir au-delà de l’opérationnel, avoir une vision de « Pourquoi faisons-nous cela » est capital. Savoir formuler un but, un objectif qui soit capable de rassembler, motiver, c'est la condition pour engager les équipes dans les actions à mener. Ceci est particulièrement utile lorsqu’un changement s’annonce, génère des résistances et que cette création de motivation est une arme essentielle pour les contrer. Or quoi de plus fondateur que des questions pour élaborer une vision ?
Questionner pour prendre de la hauteur, donner du sens, voir au-delà des ondulations du quotidien, et montrer le prochain sommet à atteindre, histoire que chacun puisse jauger de la difficulté, rassembler son énergie et doser son effort, n'est-ce pas une des attributions majeures du manager ?
La méthode des 5 pourquoi
J'ai découvert lors d'une formidable formation en UX Design animée par Magali Dulot la méthode des 5 pourquoi. Cette technique de questionnement, utilisant on l'aura compris la répétition du "Pourquoi ?", a pour principe de ne pas se contenter de la première réponse, ni même de la deuxième, mais au contraire d’approfondir le questionnement, en procédant par paliers. Après avoir obtenu une première réponse, on rebondit en demandant : « Et pourquoi cela ? » et ainsi de suite en renouvelant jusqu'à 5 fois la question, si nécessaire. Le résultat est bluffant. Approfondir chaque réponse donnée permet de dépasser la surface des choses, d’aller plus loin dans le détail, de soulever des points qui dérangent parfois, et donc pas évoqués dans un premier temps, en s'approchant au plus près de la solution. Celle-ci est d'ailleurs souvent déjà à portée de main, mais restée enfouie sous des questions non soulevées, par crainte ou par paresse ! A tester pour soi-même, et valable dans tous les projets.
Etre interrogé, c’est flatteur.
Imaginez-vous au cours d’une soirée, dans un diner, au café. Vous entamez une conversation avec quelqu'un que vous connaissez, ou pas. Si votre interlocuteur parle tout le temps de lui, ne vous pose aucune question sur votre vie, très vite s'installe l'ennui. Si d'aventure il s'agit d'un ami, ou supposé tel, vous en venez à vous interroger : est-ce qu’il (elle) s’intéresse à moi, à ma vie ? Sommes-nous vraiment amis ? Interroger l’autre c’est lui démontrer de l’intérêt ! C'est le signe que ce qu’il vit, fait, pense, que ses doutes et péripéties nous concernent. Que l’on accepte de l’aider à y réfléchir, à partager, donner son avis. Qu’on a de l’empathie. Je vous laisse en déduire ce que l'inverse signifie.
Celui qui s’intéresse vraiment pose des questions.
Au risque de mettre l'interrogé dans l'inconfort, de malmener ses certitudes, les questions qu'on lui pose ouvrent d'autres pistes, servent à avancer. Un point de vue extérieur aide à progresser. Le questionneur rend service, autant qu'il fait montre de son intérêt. On a tous un jour été bousculé par des questions qui nous ont rendu un fier service. Savoir les poser est la preuve d'un investissement généreux, valable aussi bien dans la sphère privée que dans le milieu professionnel.
Donc retenons : poser des questions est tout sauf un aveu de faiblesse. Le questionnement est la marque des penseurs, de ceux qui réfléchissent au sens de l’action, ont une vision. Il est le gage d'un investissement, avec de l'empathie dedans. C’est pour ces qualités d’interrogation que vous serez identifié comme un leader/partenaire/collaborateur responsable, courageux, générateur de confiance. Alors, faites swinger les points d’interrogation !
Un questionnement précis, c'est la base lorsqu'il s'agit de se pencher sur le positionnement de sa marque, sa stratégie éditoriale ou sa communication globale. Plus de détails ici !
Et vous, quel est votre avis ? La question est posée ;-)
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